Fortifications Belges et Maginot + Les moulins en Belgique

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Les cibles Bremer de Spa-Malchamps

Des cibles de tirs civil dans la fagne de Spa-Malchamps à découvrirs


1 - Cibles Bremer a Spa-Malchamps

 

 

Les cibles Bremer
à Spa-Malchamps

 

Il ya une vingtaine d'années lors d'une balade dans les bois de Spa – Malchamps, j'avais découvert une chose bizarre des vestiges en métal, depuis peu j'ai appris qu'il s'agissait de tout un complexe, le stand de tir civil de Spa-Malchamps, Des cibles énormes en acier sont du type Bremer, du nom de leur inventeur le capitaine René Bremer du Régiment de Carabiniers.

 Des cibles auraient été implantées aux distances de 600, 800 et 1.000 mètres. Seules les cibles à 600 et 1.000 mètres subsistent à présent.

Voici l'article de Monsieur Eric Simon paru dans le Clham

 

 

Etranges vestiges dans les bois de Spa-Malchamps

 

Jean Poumay, de Tilff, membre du C.L.H.A.M. et infatigable chercheur, a la gentillesse de partager avec nous les photos de vestiges qu'il a découverts au mois d'avril dernier dans les bois de Spa-Malchamps, tout près du célèbre champ d'aviation de La Sauvenière.

 

Le terrain de La Sauvenière est au Nord. En diagonale la grand route Spa-Malchamps (© Google Earth).

D'après le peu d'informations que nous avons pu glaner jusqu'à présent, il s'agirait d'un stand de tir soumissionné pour la ville de Spa en 1905 par l'entreprise Bétons Armés Hennebique. Les installations auraient été inaugurées en 1907.

 

Le stand de tir vers 1909

 

 

Quelques vestiges:  le bâtiment

 

les cibles n° 1 et 2 placées à 600 m (© Jean Poumay).

 

 

Le stand aurait comporté 26 emplacements individuels par étage, permettant ainsi à 52 tireurs de s'entraîner à l'abri des intempéries, sans risque de se gêner ou de se blesser.

 

Des cibles auraient été implantées aux distances de 600, 800 et 1.000 mètres. Seules les cibles à 600 et 1.000 mètres subsistent à présent et on les repère plus facilement en hiver, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles.

 

Le stand de tir proprement dit

à droite photo du bâtiment (© Jean Poumay).

Il s'agit d'installations importantes qui semblent avoir une vocation purement civile, même si la grande taille des cibles nous laisse quelque peu perplexe. Nous lançons ici un appel à nos lecteurs, en invitant ceux qui en sauraient un peu plus à nous faire-part de leurs connaissances.

 

Deux vues des cibles n°1 et 2 placées à 600 m et du bâtiment qui les supporte (© Jean Poumay).

 

 

A gauche la cible n° 2 vue de l'arrière.

 

 A droite la cible n° 3 placée à 1.000 m (© Jean Poumay).

Via le site Internet du C.L.H.A.M., une question nous avait déjà été posée sur ce même sujet par Madame Francou de Jambes dans le courant du premier trimestre 2002, mais pas plus à l'époque qu'aujourd'hui nous n'avons été capables d'apporter de réponse satisfaisante.

 

Les cibles de Spa-Malchamps
(suite

 

Dans le dernier bulletin (pp. 33 à 34), nous vous avions présenté trois étranges cibles que notre correspondant Jean Poumay avait découvertes dans le domaine de Bérinzenne à Spa-Malchamps. A en croire le nombre d’appels et de commentaires reçus, le sujet vous a manifestement passionné. Nous tenons à rendre ici hommage, dans l’ordre de leur intervention, à toutes celles et ceux qui ont pris le temps d’apporter leur contribution à une meilleure connaissance du sujet abordé. Nos remerciements s’adressent donc à: Jean Poumay de Tilff sans qui rien n’aurait commencé, Robert Gils de Temse, Roger Renard de Donceel, Raymond Serron de Seraing, Jacques Wynants de Verviers,  Marie-Christine Schils conservatrice des musées de Spa,  James Lohest de Spa, Sylvain Weuts conservateur du Musée de Beverloo et Paul Bertholet de Theux.
D’après les premières informations recueillies par Robert Gils, les cibles sont du type Bremer, du nom de leur inventeur le capitaine René Bremer du Régiment de Carabiniers. Robert Gils nous signale qu’il a personnellement vu de telles cibles sur le champ de manœuvre de Beverloo.
De mon côté, je suis «comme par hasard» tombé sur quatre cartes postales intéressantes. Les deux premières cartes représentent des cibles Bremer au camp de Beverloo avant la deuxième guerre mondiale; il y en aurait eu là-bas jusqu’à quinze, puis même vingt-sept exemplaires !

 

 

 

 

Cartes postales oblitérées en 1939, montrant quelques cibles du camp de Beverloo.
 
Les deux cartes suivantes prouvent, sans la moindre ambiguïté possible, qu’au moins trois cibles Bremer ont également été installées au camp d’Elsenborn.
 

 

 

Cartes postales non datées, montrant les trois cibles du camp d’Elsenborn.
 
 
Des agrandissements de l’une des photos prises à Spa par Jean Poumay et des cartes postales de Beverloo et d’Elsenborn, démontrent que les cibles sont exactement les mêmes dans les trois cas.

 

Cibles de Spa-Malchamps (à gauche), de Beverloo (au centre) et d’Elsenborn (à droite). Aucun doute, ce sont les mêmes !
 
 
Grâce à Raymond Serron de Seraing, nous apprenons que des cibles Bremer ont également été utilisées en région liégeoise. Douze cibles auraient été montées juste avant la deuxième guerre mondiale au champ de tir de Droixhe. Au printemps 1940, l’occupant allemand se serait empressé de transférer les cibles de Droixhe au camp de Beverloo, portant du même coup le total des cibles de Beverloo de quinze à vingt-sept unités.
Trois cibles à Spa, quinze à Beverloo, trois à Elsenborn et maintenant douze à Droixhe, cela ouvre de nouvelles perspectives, car combien de ces fameuses cibles a-t-on finalement construit ?
Et le jeu de piste continue … Jacques Wynants nous recommande auprès de la conservatrice des musées de Spa, Marie-Christine Schils, celle-ci nous oriente fort obligeamment vers James Lohest. The right man in the right place, puisque celui-ci a réalisé un travail particulièrement fouillé intitulé 150 ans de tir à Spa. Cette brochure est malheureusement épuisée, mais l’auteur nous en a très gentiment fourni une copie, en attendant la publication d’une prochaine réédition revue et augmentée, dont nous nous chargerons avec plaisir d’annoncer la parution.
James Lohest nous apprend que les cibles Bremer de Spa-Malchamps étaient utilisées aussi bien par des civils, que par des militaires et des gardes-civiques. Les installations permettaient le tir à l’arme de guerre, mais également le tir au révolver, à la carabine, à l’arc et même à l’arbalète, et ceci aux distances de 12, 30, 50, 100, 200, 300, 400, 500, 600, 800 et 1.000 mètres. Dans la majorité des cas, les objectifs sont constitués par des cibles mobiles classiques, mais aux distances de 400 et 1.000 mètres on a recours à des cibles électriques du type Bremer (2 cibles à 400 m et 1 cible à 1.000 m).
Plus la distance augmente, plus le tireur éprouve évidemment des difficultés à observer le résultat de son tir. Par le jeu d’impulsions et de relais électriques, les cibles Bremer permettent de visualiser les coups au but sur une autre cible – beaucoup plus petite – située tout près du tireur. C’est un système tout à fait remarquable pour l’époque, si l’on veut bien se souvenir que le projet d’implanter un nouveau champ de tir à Spa-Malchamps est arrêté en 1905, que les travaux de terrassements sont entamés par l’entreprise Bétons Armés Hennebiqueen 1906, et que l’inauguration intervient en 1907.
 
 
Les installations de Spa-Malchamps sont de dimensions impressionnantes. Elles s’étendent sur deux niveaux comprenant vingt-sept emplacements de tir chacun, ce qui offre la possibilité à cinquante-quatre tireurs de s’entraîner simultanément, ainsi que le montrent les photos ci-dessous.
 
 
 
La façade avant du tir de Spa-Malchamps
 (© Paul Bertholet).
 
 
La façade arrière du tir de Spa-Malchamps avec les 54 emplacements de tir individuels (© Paul Bertholet).
 
 
D’un point de vue purement technique, nous citons intégralement James Lohest: «… la cible est du système électro-automatique du commandant Bremer. Elle est elliptique et a comme grand diamètre 2,40 mètres et comme petit diamètre 2,25 mètres; elle est divisée en secteurs et fragments de secteurs. Une cible analogue, mais de dimensions très réduites, se trouve dans le box du tireur. Quand la balle frappe une partie quelconque de la cible, un courant électrique agit sur la partie correspondante de la cible réduite et indique ainsi automatiquement au tireur l’endroit où la cible a été touchée et le point obtenu».
 
 
 
 
Roger Renard, de Donceel, nous a fait parvenir les photos-souvenirs d’un repas de corps organisé par le Bataillon de Chasseurs-Eclaireurs d’Anvers (gardes-civiques) le 7 juin 1908 à l’occasion: des tirs réels en terrain varié exécutés à Malchamps pendant la période des Manœuvres annuelles de 1908. Ces documents viennent confirmer d’une manière indiscutable le fait que le champ de tir ait pu être opérationnel à partir de l’année 1907.
 
 
 
 
 
La couverture (à gauche) et les pages centrales (à droite) du souvenir du 7 juin 1908 (© Roger Renard)
 
 
 
Dernière page du souvenir du 7 juin 1908:
les gardes-civiques d’Anvers (© Roger Renard).
 
Des manuels militaires détaillant le fonctionnement des cibles existent au Musée Royal de l’Armée ainsi qu’au Musée du camp de Beverloo, mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps de les consulter. Si on fait le total des cibles Bremerrépertoriées à Spa, à Beverloo, à Elsenborn et à Droixhe, on parvient à un total de trente-trois, mais selon James Lohest ce nombre doit être plus élevé encore parce que l’invention du capitaine Bremer a rencontré un certain succès à l’exportation. Des cibles ont notamment été vendues jusqu’en Argentine…
Il est surprenant de constater que la situation juridico-légale des champs de tir est particulièrement tirée par les cheveux. A Droixhe, la commune est propriétaire du terrain et l’armée possède les installations. A Spa, c’est exactement l’inverse. Ces emmanchures compliquées finissent par avoir des conséquences néfastes. Dès 1921, le site de Spa-Malchamps commence progressivement à se dégrader, essentiellement par manque d’entretien. En 1927, la ville de Spa tente en vain de se débarrasser des bâtiments en les revendant à l’Etat. En 1950, des problèmes de sécurité rendent les séances de tir de plus en plus difficiles à organiser. Enfin, le 13 octobre 1961, le Ministre de la Défense renonce définitivement à l’usage du champ de tir de Spa-Malchamps.
 
 
Bibliographies & sources
- BREMER René. (capitaine). Le Tir dans les casernes, dans les stands, dans les champs de tir. Manuel militaire. 1908.
- BREMER René. (capitaine). Cibles à avertissement automatique. Manuel militaire. 1909.
- LOHEST James. 150 ans de tir à Spa-Malchamps (1869), Nivezé, Mambaye, Spa-ville, Tir aux pigeons, Malchamps (1901), Fagne-Raquet (1941), Vequeterre. Edition de l’auteur, Spa, 1990, 88 p.
- Museum Kamp van Beverloo. A la mémoire de deux glorieux officiers de l’Armée Belge: [dont] le colonel René BREMER.
- Museum Kamp van Beverloo. Dossier over “Electro – Automatische schietschijven” uit jaren “50”.
- Site Internet: Geocaching.com - View Geocache Log - indiana_jack found time machine (auteur inconnu).
- Site Internet: Geschiedenis van de Karabiniers. 1894 – 1914 (texte rédigé par un certain Patrick).
Il n’entre pas dans nos priorités de développer davantage ce sujet qui sera prochainement repris par un véritable spécialiste de la question, il n’empêche que nous demeurons à l’affût de toute information ou documentation supplémentaires.
Eric Simon
 
 
Montage Mag60
 
 
La suite bientôt
 
 
Manuel des cibles Bremer
suite du reportage photos
 
 
Ce document provient de la bibliothèque de l’armée et ce
Grace à notre ami Raymond Lequime
 
 

01/03/2012
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